Construire des modèles d’affaires pour la justice alimentaire

Les questions de l’accès à l’alimentation de qualité pour tous et de justice alimentaire constituent un impératif d’action publique, politique et académique. Elles suscitent une attention croissante notamment de la part d’organisations – entreprises et associations – qui entendent prendre en charge cette question. Le concept de justice alimentaire tend ainsi à se diffuser aussi bien dans les sphères militantes et citoyennes que dans les sphères académiques.
Pour autant, peu d’études sont consacrées à la façon dont des initiatives de ce type conçoivent leurs actions au quotidien et parviennent à concevoir des modèles d’affaires pérennes. L’objectif de notre contribution est justement d’explorer comment des entreprises sociales se saisissent de ce concept de justice alimentaire à travers leurs pratiques et leurs modèles d’affaires.

Nous présentons le concept de justice alimentaire et montrons, à travers sa mise en pratique dans des organisations, comment ces dernières résolvent les contradictions des logiques économiques et sociales qu’elles doivent affronter. A partir d’une enquête qualitative menée dans la métropole lyonnaise et en nous appuyant sur la typologie fournie par Santos, Pache, Birkholz (2015), nous proposons finalement un modèle d’analyse pour saisir la diversité des pratiques et des modèles d’affaires pour favoriser la justice alimentaire.

Migrations, précarités et aides alimentaires : comment se familiariser à de nouveaux aliments ?

Etude consultée via le 90ème numéro de la revue « Alimentation, santé et petit budget » du CERIN

La culture culinaire d’une région intègre les héritages du passé et expériences du présent, à l’image de ses ressources et contraintes. Si les voyages sont propices à la découverte de nouvelles saveurs, le contexte migratoire est souvent associé au maintien des habitudes alimentaires du pays d’origine, marquant le rattachement à l’identité nationale. Vu le flux important de demandeurs d’asile en France, leur grande précarité et dépendance des dispositifs d’aide, une étude a exploré les modalités d’adaptation de la structure associative aux demandes d’un public émergeant.

D’après les responsables et bénévoles, le principal, voire seul frein empêchant des bénéficiaires d’origine étrangère d’emporter des produits auxquels ils n’étaient pas familiers était leur méconnaissance de celles-ci, voire leur manque de curiosité : des comportements et attitudes souvent critiqués. Pourtant, l’enquête au sein de l’association, notamment par les données longitudinales que l’enquêtrice a recueillies à l’occasion de visites répétitives d’une même personne du service d’aides alimentaires, montrent qu’une proportion importante de bénéficiaires emportait certains produits qui lui étaient méconnus au départ, au fur et à mesure de son adaptation aux produits locaux et aux denrées proposées par l’association. Citons-en des variétés de fruits, de viennoiseries ou de crème-desserts, ainsi que de fromages frais ou à tartiner : des denrées caractérisées par un goût sucré pour les premiers, et un goût légèrement acide pour les derniers. Ainsi, les denrées répugnées et non emportées par les bénéficiaires d’origine étrangère comprenaient des fromages à goût prononcé comme le camembert, le bleu ou le munster, et des légumes ayant un goût particulier, notamment amer, tels que les endives, les choux de Bruxelles, les choux, l’artichaut ou les asperges. En parallèle, une proportion importante de ces bénéficiaires, notamment ceux récemment arrivés en France, ne connaissait et donc n’emportait pas certains des fruits et légumes proposés par l’association, dont certains étaient considérés par les Français comme des marqueurs de l’appartenance à une catégorie aisée. Citons les pêches, la nectarine, les abricots, les kakis. Ces données d’observation rappellent, voire confirment les données bibliographiques indiquant qu’au-delà d’une question purement subjective, une préférence gustative est façonnée et développée dès le plus jeune âge, en fonction des goûts et des saveurs contactés, et qu’elle est à l’image des habitudes alimentaires nationales ou régionales. Ainsi, si le goût sucré est généralement hautement apprécié de toutes les populations, expliquant l’appréciation d’une proportion importante des bénéficiaires d’origine étrangère des « nouveaux produits » à goût sucré, ce n’est pas le cas du goût amer prononcé dans les légumes et fromages répugnés des étrangers mais dont le goût est apprécié des Français.

Il ressort donc qu’une meilleure adaptation aux demandes et besoins d’un public émergeant s’avère possible et envisageable, même avec les moyens limités dont dispose la majorité des associations caritatives. Ainsi, si l’adaptation aux denrées locales peut être facilitée par la dégustation des denrées non connues ou la distribution de recettes, les associations caritatives pourraient également agir pour diminuer les répercussions d’interdits ou tabous liés aux religions sur les choix alimentaires et in fine le statut nutritionnel de bénéficiaires, sans pour autant s’engager dans des dépenses supplémentaires. Elles pourraient ainsi, par exemple, être plus flexibles vis-à-vis des personnes n’emportant pas de produits carnés en leur autorisant à emporter des quantités de produits de la pêche ou de produits laitiers supérieures aux « quantités maximales autorisées », ce qui leur fournirait, malgré tout, des sources de protéines d’origine animale, donc équivalents nutritionnellement, ainsi que des vitamines et des minéraux. Si un tel changement dans le fonctionnement de l’association requiert une adaptation de la part des bénévoles et une gestion différente des stocks, elle semble complètement envisageable par une association qui, comme celle où a été menée l’enquête, permet aux personnes assistées de choisir les denrées qu’elles désirent emporter.

Accès universel à une offre alimentaire de qualité : actions, besoins et collaborations intersectorielles

Cette étude recense plus 800 actions favorisant l’accès à des aliments de qualité pour tous au Québec. La recension met en évidence la diversité des interventions en cours au Québec et des secteurs d’activités concernés par la problématique. Le rapport révèle également les principaux obstacles rencontrés, les besoins des organisations et les collaborations intersectorielles à mettre de l’avant pour améliorer la situation.

Les initiatives recensées se répartissent dans 18 catégories allant de l’amélioration de la disponibilité des aliments dans les milieux de vie à l’adoption de politiques alimentaires en passant par la réduction du coût des aliments ou l’optimisation de la logistique de distribution et de récupération. Elles sont portées par des organisations issues de sept secteurs d’activités essentiels : communautaire, municipal, bioalimentaire, santé et services sociaux, éducation et recherche, intersectoriel et environnement. Les actions sont principalement mises en œuvre à l’échelle des municipalités et des MRC et sont en majorité destinées à l’ensemble de la population ou aux personnes à faible revenu. Près de 80% d’entre elles sont réalisées en partenariat.

De nombreux besoins et obstacles ont été identifiés dans la réalisation des actions, notamment le manque de financement récurrent, de ressources humaines et d’infrastructures adéquates. Des efforts sont aussi nécessaires pour s’assurer que les interventions mises en place rejoignent et répondent aux besoins des personnes les plus vulnérables.

Un constat principal se dégage de ce rapport : un seul secteur d’activités ne peut, à lui seul, agir sur toutes des dimensions de l’accès et de la qualité des aliments, et ainsi assurer la sécurité alimentaire de l’ensemble de la population. Des interventions structurantes et coordonnées, ainsi que les partenariats intersectoriels sont nécessaires pour améliorer l’accès à une saine alimentation et réduire les inégalités sociales de santé.

Une consommation durable pour tous

Malgré le large éventail d’initiatives déployées au pays qui visent à mettre sur la table des Canadiens plus d’aliments sains et durables, ces derniers ne sont pas accessibles à tous. Le Réseau pour une alimentation durable a mené un projet de recherche (d’avril 2018 à mars 2019) pour mieux comprendre comment les consommateurs à faible revenu accordent de l’importance et accèdent aux aliments produits de manière durable, les obstacles qu’ils doivent affronter pour y arriver et quelles mesures politiques pourraient être mises en place pour leur faciliter l’accès.

Épiceries sociales : le point de vue des usagers

Cet article est le résultat d’une étude quantitative et qualitative menée auprès des personnes qui fréquent des épiceries sociales chapeautée par la Croix-Rouge francophone de Belgique. Ces personnes racontent comment elles perçoivent et vivent cette aide. Le choix de s’intéresser aux épiceries sociales a été opéré dans la mesure où celles-ci suscitent beaucoup d’intérêt de la part de travailleurs sociaux et de responsables politiques, qui les voient comme une alternative aux distributions de colis alimentaire.

Dépasser l’aide alimentaire pour aller vers l’accompagnement par l’alimentation

Au sein de cette note de synthèse, les auteurs et autrices commencent par détailler les chiffres de l’insécurité alimentaire en France, ainsi que l’aide alimentaire actuellement mise en place pour y faire face. Dans la deuxième moitié de cette note de synthèse, ces mêmes auteurs.trices proposent de dépasser cette aide alimentaire pour un réel accompagnement par l’alimentation, et concluent en proposant un ensemble de recommandations permettant de viser la mise en place de ce type d’accompagnement.

Peut-on encore aujourd’hui se contenter de développer une aide alimentaire uniquement distributive comme moyen de lutte efficace contre l’insécurité alimentaire en France ? L’aide alimentaire participe à mettre à l’abri de la faim les personnes subissant la pauvreté. En revanche, la distribution alimentaire simple ne prend pas en compte toutes les dimensions de la lutte contre l’insécurité alimentaire et en premier lieu le respect de la dignité de la personne.

L’aide alimentaire n’a pas vocation à combler tous les besoins alimentaires, mais seulement une partie pour aider l’individu à faire face. Il semble aujourd’hui nécessaire d’aller au-delà de l’aide alimentaire. Le groupe de travail souhaite ouvrir la voie à un véritable « accompagnement par l’alimentation » et être force de proposition sur le sujet.

Inventaire et analyse des données existantes en matière d’offre alimentaire en Région de Bruxelles-Capitale

Cette étude recense les sources disponibles et synthétise les éléments d’information existants sur l’offre alimentaire proposée dans la capitale. Le rapport met notamment en avant l’intégration progressive des éléments d’une « Good Food » dans cette offre fortement diversifiée.

Cette recherche visait à réaliser un inventaire, puis une analyse des données existantes en matière d’offre alimentaire à l’échelle de la Région de Bruxelles-Capitale.

Inventaire et analyse des données existantes en matière de demande alimentaire en Région de Bruxelles Capitale

Cette étude recense les sources disponibles et synthétise les éléments d’information existants sur la demande alimentaire des particuliers dans la capitale. En effet, afin de développer une offre alimentaire durable qui corresponde aux attentes du marché (de la demande), il est indispensable de connaitre les besoins actuels et futurs de celui-ci.

Cette recherche visait à réaliser un inventaire, puis une analyse des données existantes en matière de demande alimentaire à l’échelle de la Région de Bruxelles-Capitale.

Coronavirus : Tous égaux face à la crise ? Regards croisés d’acteurs du secteur de l’alimentation durable bruxellois

Cette étude vise à comprendre ce que les acteurs du secteur de l’alimentation durable ont vécu lors de la crise du coronavirus et les stratégies qu’ils ont mises en place pour survivre, se réinventer ou surfer sur les conséquences positives de cette crise. L’ambition de cette étude est de tirer des apprentissages et de formuler des recommandations qui permettent aux autorités publiques de soutenir les acteurs du secteur dans leur relance ou leur développement.

L’étude se penche à tour de rôle sur différents secteurs de l’alimentation durable : la distribution, la production, les cuisines partagées professionnelles, les restaurants, le service aux entreprises et l’aide alimentaire. Un ou plusieurs représentant(s) de chaque secteur a (ont) été interviewé(s) dans le cadre de l’étude. Chaque chapitre résume le contenu de ces entretiens et se conclut par une liste d’apprentissages à retenir.