La lutte contre la précarité alimentaire

Ce numéro du Journal RESOLIS est consacré aux travaux de l’atelier 12 des États généraux de l’alimentation, qui se sont déroulés de juillet à décembre 2017, « Lutter contre l’insécurité alimentaire, s’assurer que chacun puisse avoir accès à une alimentation suffisante et de qualité en France et dans le monde ».

Une première partie de la publication rend compte de la dynamique de cet atelier ; la deuxième partie détaille sommairement 60 actions locales de lutte contre la précarité alimentaire, dont 50 en France.

Épiceries sociales et solidaires pour l’accès à une alimentation de qualité : Solution durable ?

L’aide alimentaire est malheureusement encore une institution souvent utile pour permettre à 450 000 Belges de manger au quotidien. 8
Cette aide peut prendre des formes multiples. Au départ, vu comme un secteur souvent humiliant avec des démarches administratives et sociales lourdes, des colis imposés avec de la nourriture pas toujours attirante, le secteur a tenté de s’adapter aux attentes des personnes dans le besoin. Les acteurs du secteur travaillent ainsi sur l’accueil, l’accompagnement social, les modalités d’accès, l’inclusion des bénéficiaires aux différentes étapes (choix des produits, ateliers, etc.), la diversité et le choix des produits proposés, etc.
Depuis le début des années 2000, les épiceries sociales et solidaires connaissent un véritable succès. Les bénéficiaires deviennent des clients comme les autres. Ils ont plus de liberté dans leurs choix. Le but est de favoriser leur autonomie financière et alimentaire et de respecter leurs droits et leur dignité.
Comment cela fonctionne-t-il ? Quelle est la situation à Bruxelles et en Wallonie ? Quels sont les bénéfices sociaux, économiques et environnementaux de ces initiatives ? Quels sont les enjeux des épiceries sociales comme solutions aux défis de l’aide alimentaire Cette analyse va tenter de répondre à ces questions : en nous permettant de comprendre le lien entre le rôle des épiceries sociales et solidaires, l’accès à l’alimentation de qualité et la lutte contre la pauvreté et les inégalités sociales.

Association nationale de développement des épiceries solidaires

ANDES, le réseau pionnier des épiceries solidaires et l’un des principaux acteurs de l’aide alimentaire en France, a été créé en 2000. Depuis plus de 20 ans, ANDES donne les moyens aux familles à faibles revenus d’avoir accès à une alimentation diversifiée et de qualité.

ANDES a développé un réseau de plus de 420 épiceries solidaires qui accompagne 200 000 personnes par an.

ANDES développe également des solutions d’approvisionnement en fruits et légumes frais pour les structures d’aide alimentaire. Les chantiers d’ANDES luttent contre le gaspillage alimentaire en revalorisant les invendus des professionnels de la filière fruits tout en créant des dispositifs efficaces pour accompagner les personnes éloignées de l’emploi.

La raison d’être d’ANDES est d’innover pour l’insertion durable autour d’une alimentation de qualité pour tous.

Encore des patates?!

Bande dessinée destinée à sensibiliser le grand public aux enjeux agricoles et alimentaires actuels, et à vulgariser cette réponse plébiscitée par de nombreux acteurs du milieu : une sécurité sociale de l’alimentation.

La BD n’est disponible qu’en version papier, au prix de 2€

« Grâce au dessin de Claire Robert, nous avons pu élaborer un outil de découverte de la sécurité sociale de l’alimentation : une bande dessinée, humoristique et agréable, qui n’enlève rien à la précision de la description des enjeux agricoles et alimentaires et des bases sur lesquelles s’inscrivent le projet de sécurité sociale de l’alimentation, complètée par des annexes riches.

Cette bande dessinée est un moyen de vous faire partager nos constats d’indignation et d’espoir… Pour vous inviter à partager les vôtres, à se rassembler, et peut être demain, reprendre tous ensemble le pouvoir de décider de notre alimentation ! »

Construire des modèles d’affaires pour la justice alimentaire

Les questions de l’accès à l’alimentation de qualité pour tous et de justice alimentaire constituent un impératif d’action publique, politique et académique. Elles suscitent une attention croissante notamment de la part d’organisations – entreprises et associations – qui entendent prendre en charge cette question. Le concept de justice alimentaire tend ainsi à se diffuser aussi bien dans les sphères militantes et citoyennes que dans les sphères académiques.
Pour autant, peu d’études sont consacrées à la façon dont des initiatives de ce type conçoivent leurs actions au quotidien et parviennent à concevoir des modèles d’affaires pérennes. L’objectif de notre contribution est justement d’explorer comment des entreprises sociales se saisissent de ce concept de justice alimentaire à travers leurs pratiques et leurs modèles d’affaires.

Nous présentons le concept de justice alimentaire et montrons, à travers sa mise en pratique dans des organisations, comment ces dernières résolvent les contradictions des logiques économiques et sociales qu’elles doivent affronter. A partir d’une enquête qualitative menée dans la métropole lyonnaise et en nous appuyant sur la typologie fournie par Santos, Pache, Birkholz (2015), nous proposons finalement un modèle d’analyse pour saisir la diversité des pratiques et des modèles d’affaires pour favoriser la justice alimentaire.

La grande distribution : nouvel acteur crédible de la lutte contre la précarité alimentaire ?

Leclerc propose un panier alimentaire équilibré à 21€/semaine pour les personnes à petits budgets : réactivité et mise en œuvre concrète. Doit-on y voir une alternative crédible à un système d’aide alimentaire dépassé et aux atermoiements stériles de l’État en termes de lutte contre la précarité alimentaire ? Contrairement à l’aide alimentaire, l’offre promotionnelle de Leclerc est immédiatement accessible à tous, sans exigence administrative particulière, et en proximité. Cela semble bien être une réponse plus visible et plus lisible que celle des pouvoirs publics qui se résume à déléguer le problème de la précarité alimentaire au secteur caritatif à coups de subventions. Seuls petits détails : le colis est pré-pensé, les produits sont tous emballés, fruits et légumes compris.

L’alimentation chez les populations précaires

Les trois fiches disponibles dans ce document reprennent les principales conclusions des trois conférences et apportent des conseils pratiques pour monter et déployer une action à destination des personnes en situations de précarité sur la thématique de l’alimentation.

En 2015, le Fonds français pour l’alimentation et la santé a lancé un appel à projets sur la thématique « les obstacles au changement du comportement chez les populations précaires : comment les surmonter ? ». Afin de valoriser les enseignements tirés des projets sélectionnés, le groupe du FFAS en charge de leur suivi a organisé un cycle de trois conférences au cours du premier semestre 2019.
Ces conférences avaient pour fil conducteur « l’alimentation chez les populations précaires ». Elles ont mis en exergue et confronté les réflexions de différentes parties prenantes (porteurs de projets, associations d’aide alimentaire, acteurs de terrain, etc.) et de scientifiques (sociologues, nutritionnistes, économistes, etc.).
1/ La première conférence a été consacrée aux fondamentaux sur la précarité et a abordé les aspects économiques, sociaux et nutritionnels.
2/ L’objectif de la deuxième conférence était de partager le retour d’expérience des personnes ayant mené des actions auprès des populations précaires afin d’en tirer quelques leçons pratiques utiles pour des actions futures et de s’interroger sur les méthodes les plus adaptées aux populations cibles.
3/ Enfin, pour clôturer son cycle de conférences, le FFAS s’est associé à la Fédération Française des Banques Alimentaires pour interroger des organismes qui agissent au plus près des populations précaires afin d’identifier leurs besoins et leurs attentes en termes d’actions en lien avec l’alimentation.

Concevoir et gérer sa mobicuisine

Le guide de la cuisine mobile est particulièrement conçu à destination de toute personne ou structure souhaitant mettre en place des ateliers culinaires ou autres actions en lien avec la cuisine.
Il vise à faciliter, pour toute personne ou structure désireuse de se doter d’équipement de cuisine mobile, le choix des équipements les plus adaptés aux spécificités de son projet. Ce guide vous permettra également de comparer les initiatives de cuisine mobiles préexistantes afin de choisir les équipements les plus adaptés aux besoins de votre projet.
Pour cela, vous retrouverez 3 supports de cuisine mobile classés par familles :
– Les véhicules aménagés : camions et camionnettes
– Les supports tractés : remorques et triporteurs
– Les supports charriés : malles, bacs et cuisinette mobile.

Migrations, précarités et aides alimentaires : comment se familiariser à de nouveaux aliments ?

Etude consultée via le 90ème numéro de la revue « Alimentation, santé et petit budget » du CERIN

La culture culinaire d’une région intègre les héritages du passé et expériences du présent, à l’image de ses ressources et contraintes. Si les voyages sont propices à la découverte de nouvelles saveurs, le contexte migratoire est souvent associé au maintien des habitudes alimentaires du pays d’origine, marquant le rattachement à l’identité nationale. Vu le flux important de demandeurs d’asile en France, leur grande précarité et dépendance des dispositifs d’aide, une étude a exploré les modalités d’adaptation de la structure associative aux demandes d’un public émergeant.

D’après les responsables et bénévoles, le principal, voire seul frein empêchant des bénéficiaires d’origine étrangère d’emporter des produits auxquels ils n’étaient pas familiers était leur méconnaissance de celles-ci, voire leur manque de curiosité : des comportements et attitudes souvent critiqués. Pourtant, l’enquête au sein de l’association, notamment par les données longitudinales que l’enquêtrice a recueillies à l’occasion de visites répétitives d’une même personne du service d’aides alimentaires, montrent qu’une proportion importante de bénéficiaires emportait certains produits qui lui étaient méconnus au départ, au fur et à mesure de son adaptation aux produits locaux et aux denrées proposées par l’association. Citons-en des variétés de fruits, de viennoiseries ou de crème-desserts, ainsi que de fromages frais ou à tartiner : des denrées caractérisées par un goût sucré pour les premiers, et un goût légèrement acide pour les derniers. Ainsi, les denrées répugnées et non emportées par les bénéficiaires d’origine étrangère comprenaient des fromages à goût prononcé comme le camembert, le bleu ou le munster, et des légumes ayant un goût particulier, notamment amer, tels que les endives, les choux de Bruxelles, les choux, l’artichaut ou les asperges. En parallèle, une proportion importante de ces bénéficiaires, notamment ceux récemment arrivés en France, ne connaissait et donc n’emportait pas certains des fruits et légumes proposés par l’association, dont certains étaient considérés par les Français comme des marqueurs de l’appartenance à une catégorie aisée. Citons les pêches, la nectarine, les abricots, les kakis. Ces données d’observation rappellent, voire confirment les données bibliographiques indiquant qu’au-delà d’une question purement subjective, une préférence gustative est façonnée et développée dès le plus jeune âge, en fonction des goûts et des saveurs contactés, et qu’elle est à l’image des habitudes alimentaires nationales ou régionales. Ainsi, si le goût sucré est généralement hautement apprécié de toutes les populations, expliquant l’appréciation d’une proportion importante des bénéficiaires d’origine étrangère des « nouveaux produits » à goût sucré, ce n’est pas le cas du goût amer prononcé dans les légumes et fromages répugnés des étrangers mais dont le goût est apprécié des Français.

Il ressort donc qu’une meilleure adaptation aux demandes et besoins d’un public émergeant s’avère possible et envisageable, même avec les moyens limités dont dispose la majorité des associations caritatives. Ainsi, si l’adaptation aux denrées locales peut être facilitée par la dégustation des denrées non connues ou la distribution de recettes, les associations caritatives pourraient également agir pour diminuer les répercussions d’interdits ou tabous liés aux religions sur les choix alimentaires et in fine le statut nutritionnel de bénéficiaires, sans pour autant s’engager dans des dépenses supplémentaires. Elles pourraient ainsi, par exemple, être plus flexibles vis-à-vis des personnes n’emportant pas de produits carnés en leur autorisant à emporter des quantités de produits de la pêche ou de produits laitiers supérieures aux « quantités maximales autorisées », ce qui leur fournirait, malgré tout, des sources de protéines d’origine animale, donc équivalents nutritionnellement, ainsi que des vitamines et des minéraux. Si un tel changement dans le fonctionnement de l’association requiert une adaptation de la part des bénévoles et une gestion différente des stocks, elle semble complètement envisageable par une association qui, comme celle où a été menée l’enquête, permet aux personnes assistées de choisir les denrées qu’elles désirent emporter.

Manger sain, trop coûteux pour les étudiants ?

Dans les frigos des kots, colocations ou autres maisons d’étudiants, ce n’est pas toujours Byzance. Le manque de moyens n’épargne pas un nombre croissant de jeunes gens. Ils éprouvent des difficultés à assumer les frais relatifs aux études, mais aussi pour leur quotidien. Coup d’œil sur une réalité trop souvent méconnue et sur des ébauches de soutien.