Dans la France de 2021 : dix millions de pauvres, des personnes souffrant de précarité dans tous les domaines — économique, immobilier, énergétique, mais aussi alimentaire. Des organisations caritatives veillent, distribuent des colis issus des banques alimentaires, mais que contiennent-ils ? Des invendus de supermarchés, ce que l’agro-industrie produit de pire. En France on ne meurt pas de faim, on souffre de malnutrition. Entre moyens réduits, surplus de la grande distribution et recours au caritatif, difficile d’avoir “un accès digne à une alimentation de qualité pour tous”, selon la belle formule du Secours catholique.
Cet ouvrage propose un tour de France des acteurs de l’aide alimentaire, où l’on peut découvrir les ressorts d’une solidarité à toute épreuve, mais aussi d’un véritable « business » pour certains. Nous sommes allés à la rencontre de celles et ceux qui s’organisent pour manger correctement, créent des groupements d’achat, des coopératives ou des jardins partagés, passant du caritatif au solidaire, inventant de nouveaux modèles de production et de consommation qui pourraient s’étendre à toute la population. Bienvenue dans les coulisses, parfois sordides, souvent lumineuses, de l’aide alimentaire en France.
En 2015, la Région bruxelloise inaugure l’appel Co-Create (Innoviris) en finançant six projets de recherche portés par un défi commun : contribuer à une alimentation juste et durable à Bruxelles. Ces projets s’inscrivent dans un courant de recherche novateur et participatif : la recherche en co-création. Ils rassemblent en leur sein des acteurs d’horizons différents (chercheurs, associations, citoyens, administrations, etc.) afin de produire des connaissances pertinentes au service d’une transition alimentaire. Cet ouvrage aborde différentes dimensions de ce vaste enjeu : la production maraîchère (péri)urbaine, la distribution en circuit court, les relations complexes entre « bien se nourrir » et précarité. À partir de leurs expériences concrètes, les partenaires de ces projets témoignent des apports, défis et limites de la recherche en co-création pour les dynamiques de transition alimentaire en zone urbaine.
Audrey Vankeerberghen et Julie Hermesse (dir.) sont docteures en anthropologie. Elles accompagnent et mènent des recherches en co-création dans le domaine des transitions, et plus particulièrement de l’agroécologie.
La crise de la COVID a mis en lumière la fragilité des grandes institutions qui ne garantissent plus la nourriture à tous, encore moins une nourriture de qualité. Pour près de six millions de nos concitoyens, manger est devenu une angoisse quotidienne, ravivant la peur ancestrale du manque de nourriture.
Cette situation a réactivé l’exigence d’une société en mesure d’assurer le droit à une alimentation choisie. Et pourquoi pas l’instauration d’une sécurité sociale de l’alimentation, comme il existe une sécurité sociale de la santé ?
L’urgence est là, mais ouvrir un tel droit implique de remettre en cause la domination de l’agro-industrie sur l’actuel système alimentaire. De réinterroger, aussi, notre fonctionnement démocratique en y associant les absents à commencer les femmes, écartées des prises de décision alors que le modèle alimentaire repose d’abord sur elles.
Dans Manger, la chercheuse Dominique Paturel et la journaliste Marie-Noëlle Bertrand appellent à reprendre le pouvoir sur la façon d’accéder à une alimentation durable. Elles invitent les chercheurs, syndicats paysans, associations, ONG à poursuivre leurs travaux sur le sujet, les territoires à devenir des leviers pour faire converger les débats et expérimentations en cours.
Un plaidoyer utile.
Depuis quelques décennies, l’aide alimentaire semble s’imposer comme une réponse incontournable à la pauvreté. Colis alimentaires, restaurants sociaux et épiceries sociales permettent à des centaines de milliers de personnes de se nourrir ou de soulager leur budget. Une aide nécessaire qui se paie souvent au prix de la dignité.
Comment comprendre le développement d’un circuit alimentaire « pour les pauvres » dans nos sociétés d’abondance ? Comment ces aides s’articulent-elles aujourd’hui avec les mécanismes de protection sociale ? Qu’en pensent les personnes qui y ont recours ?
Les auteurs de cet ouvrage explorent l’aide alimentaire sous différents angles : à partir de l’histoire politique, sociale et économique qui tend à l’ériger en solution privilégiée pour répondre à la précarité ; à partir de ce qu’en disent ceux et celles qui la vivent au plus près (les personnes qui y ont recours et celles qui la mettent en œuvre) ; à partir enfin d’expériences menées dans le champ de l’alimentation durable à la recherche d’alternatives.
Cet ouvrage collectif initié par la Concertation Aide Alimentaire (FdSS-FdSSB) en collaboration avec le CBCS, rassemble les contributions de dix auteurs provenant de différents horizons : Jeffrey Tyssens, Peter Scholliers, Catherine Rousseau, Pierre Reman, Deborah Myaux (dir.), Louise Méhauden, Charlotte Maisin, Hugues-Olivier Hubert, Philippe Defeyt et Lotte Damhuis.
Loin d’offrir un horizon politique désirable, l’aide alimentaire demeure un puissant révélateur de l’évolution de notre société et de notre système de protection sociale.
« Avec les services sociaux et ceux qui les fréquentent, Le Forum – Bruxelles contre les inégalités a identifié 85 idées reçues. Chacune a été soumise à un expert qui s’est attaché à la déconstruire de manière argumentée, sur base des derniers chiffres et études disponibles. Voici donc une Petite encyclopédie des idées reçues sur la pauvreté, qui a pour ambition d’apporter une définition plus juste d’un phénomène qui touche un Belge sur cinq. En éclairant les problématiques les plus complexes, cette encyclopédie est un outil fondamental pour inventer des solutions contre la pauvreté, que ce soit à un niveau personnel, professionnel ou politique. »
Dans ce livre, le chapitre qui nous intéresse particulièrement ici est « Les pauvres ne prêtent aucune attention à leur alimentation. » à la page 153. Voici son résumé :
« Lorsque des personnes vivant en situation de précarité sont sollicitées pour partager leurs analyses sur l’alimentation, elles témoignent d’un intérêt non exclusif mais évident pour cette problématique, jugeant complexe et préoccupant le système alimentaire dont elles dépendent. Loin des clichés habituels, les personnes qui fréquentent des services d’aide sociale ou d’aide alimentaire ont une vision riche de la notion de « bien se nourrir » qui ne se résume pas au contenu gustatif de leur assiette. Leurs analyses (cf. recherche Solenprim) reflètent le caractère pluridimensionnel de l’alimentation ».
Durant 18 mois, les participants du séminaire Démocratie Alimentaire animé par l’UMR 951 Innovation et le CREAM Université de Montpellier, ont travaillé à ce que pourrait être un droit à l’alimentation dit durable. Cette démarche encastrée dans le concept de démocratie alimentaire avait pour objectif de croiser les connaissances de la recherche, de la formation et des initiatives citoyennes à partir des conditions d’accès à l’alimentation des familles à petits budgets et des personnes en situation de précarité. Cette entrée par la précarité a pour fonction de révéler de façon plus saillante les inégalités et l’invisibilité de celles-ci dans la façon dont les politiques publiques y répondent depuis le milieu des années 1980. L’enseignement essentiel issu de ce croisement des dynamiques de savoirs résulte de l’analyse fine de la non effectivité du droit à l’alimentation en France et la compréhension de cette situation de fait, permet de comprendre un certain nombre de freins. La transversalisation a été le mot d’ordre tout au long du séminaire et est reprise dans l’ouvrage : à savoir, croiser autant que faire se peut, les regards et les paroles. l’ouvrage reflète ce patient travail des uns, des unes et des autres et le tissage, dé-tissage, re-tissage des fils tirés durant ces dix-huit mois de coopération. Si le choix éditorial est le nôtre, il ne traduit aucunement une hiérarchie dans l’importance des apports des auteurs et autrices.