Faim de vie

En 2021, en Belgique, des milliers de personnes ne mangent pas à leur faim.
Comment est-ce possible ? Quelles injustices permettent cela ? Qui est responsable ?
On parle de précarité alimentaire, d’aide humanitaire… et nous sommes au 21ème siècle !
Que s’est-il passé ? Qu’est-ce qui se passe ?

Mais, si la faim n’était pas un phénomène naturel, que serait-elle ? Une ineptie ? Un coup monté ? Une volonté des plus forts ?

Et si nous avions surtout faim de vie ?
Et si nous avions soif de liens ?
Et si nous étions gourmands de collectifs ?

Cette conférence propose un menu varié, composé d’ingrédients d’origines diverses : capitalisme décomplexé, pauvreté alimentaire, précarité… le tout agrémenté de savoureux instants présents.

De la fourche à la fourchette… Non ! L’inverse ! Pour une sécurité sociale de l’alimentation

Agronome, Mathieu milite aujourd’hui au sein de l’association « Agriculture et Souveraineté Alimentaire » d’Ingénieurs sans frontières. Après avoir expliqué dans une première conférence gesticulée pourquoi il a refusé le titre d’ingénieur, Il explique dans celle-ci comment dans son parcours d’agronome militant s’est imposée l’idée de coupler le projet d’une autre agriculture avec celui d’une autre alimentation, et les politiques nécessaires qui en découlent.

Alors que les désastres écologiques, économiques et sociaux d’une agriculture industrielle ne sont plus à démontrer, les initiatives pour produire, transformer et consommer autrement fleurissent, des plus intéressantes aux plus détestables – mais bien trop souvent réservées à une partie seulement de la population. Les tenants de l’agriculture industrielle argumentent qu’elle est nécessaire pour nourrir les pauvres, et se réjouissent d’une dualisation des modèles agricoles et alimentaires qui ne la remet pas en cause et dont ils espèrent bien tirer profit. L’aide alimentaire, empêchant les plus démunis de mourir de faim, est construite comme un soutien financier et idéologique à l’agriculture industrielle, privant ainsi du droit à l’alimentation – bien différent du droit à être nourri – 5,5 millions de personnes en France. Il devient primordial de penser comment généraliser l’accès de tous et toutes à une alimentation de qualité et choisie, sans quoi toute transformation du monde agricole est impossible, sans quoi toute agriculture paysanne n’a d’avenir que dans la marginalité ou la récupération.

Le choix de ce que l’on mange est primordial pour assurer la dignité de tous et toutes. Le choix n’est pas qu’un mécanisme individuel parmi des produits proposés, quand bien même le critère économique ne serait plus un frein : le véritable choix est de pouvoir choisir ce qu’il y a dans les rayons, quelles sont leurs conditions de production, quels critères économiques, sociaux et environnementaux ils respectent. C’est à dire pouvoir tous et toutes s’exprimer en tant que citoyen·nes sur notre alimentation, et non en tant que consommateurs·trices. A la notion de souveraineté alimentaire – décrite ainsi lors de la déclaration de Nyéleni en 2007 « droit des peuples à une alimentation [suffisante] saine et culturellement appropriée produite avec des méthodes durables, et le droit des peuples de définir leurs propres systèmes agricoles et alimentaires » – on préférera alors celle de démocratie alimentaire, pour insister sur l’importance du processus démocratique dans l’élaboration de la souveraineté pour respecter le droit à l’alimentation de tous et toutes.

Et si l’on exerçait la démocratie alimentaire grâce à une sécurité sociale de l’alimentation ? Au delà du constat, cette conférence permet également de présenter le travail de l’association « Agricultures et Souveraineté Alimentaire » d’Ingénieur Sans Frontière sur le projet de sécurité sociale de l’alimentation. Aidé par différents réseaux et notamment réseau salariat pour la compréhension des mécanismes de la sécurité sociale, déjà-là exceptionnel pour penser la notion de démocratisation d’un secteur économique, ce projet propose d’étendre le principe de cotisation pour couvrir l’accès de tous et toutes à une alimentation de qualité, choisie à la fois individuellement et collectivement par un fonctionnement démocratique. Un hommage à l’un des fondamentaux de l’égalité en France, qui ne demande rien de mieux pour être protégé que d’être étendu à d’autres secteurs !

Envie d’organiser une représentation? De constater le gesticulant? C’est juste ici : https://conferences-gesticulees.net/conferences/de-fourche-a-fourchette-non-linverse/