Faim de vie

En 2021, en Belgique, des milliers de personnes ne mangent pas à leur faim.
Comment est-ce possible ? Quelles injustices permettent cela ? Qui est responsable ?
On parle de précarité alimentaire, d’aide humanitaire… et nous sommes au 21ème siècle !
Que s’est-il passé ? Qu’est-ce qui se passe ?

Mais, si la faim n’était pas un phénomène naturel, que serait-elle ? Une ineptie ? Un coup monté ? Une volonté des plus forts ?

Et si nous avions surtout faim de vie ?
Et si nous avions soif de liens ?
Et si nous étions gourmands de collectifs ?

Cette conférence propose un menu varié, composé d’ingrédients d’origines diverses : capitalisme décomplexé, pauvreté alimentaire, précarité… le tout agrémenté de savoureux instants présents.

La grande distribution : nouvel acteur crédible de la lutte contre la précarité alimentaire ?

Leclerc propose un panier alimentaire équilibré à 21€/semaine pour les personnes à petits budgets : réactivité et mise en œuvre concrète. Doit-on y voir une alternative crédible à un système d’aide alimentaire dépassé et aux atermoiements stériles de l’État en termes de lutte contre la précarité alimentaire ? Contrairement à l’aide alimentaire, l’offre promotionnelle de Leclerc est immédiatement accessible à tous, sans exigence administrative particulière, et en proximité. Cela semble bien être une réponse plus visible et plus lisible que celle des pouvoirs publics qui se résume à déléguer le problème de la précarité alimentaire au secteur caritatif à coups de subventions. Seuls petits détails : le colis est pré-pensé, les produits sont tous emballés, fruits et légumes compris.

Priya Fielding-Singh : «La nourriture permet d’atténuer les privations matérielles»

Pour la sociologue américaine Priya Fielding-Singh, expliquer la malbouffe chez les plus pauvres par un défaut d’information ou le problème du coût est insuffisant : les parents défavorisés cèdent aux appels du soda car c’est le seul moyen dont ils disposent pour faire oublier les restrictions à leurs enfants. Il s’agit donc de changer la valeur symbolique de la nourriture.

Selon la chercheuse, toute étude sur les habitudes alimentaires doit prendre en compte la valeur symbolique et culturelle que nous associons à la nourriture. (…) Elle soutient que pour les parents les plus défavorisés, les conduites alimentaires ne sont pas seulement dictées par les contraintes du budget ou régies par l’ignorance. Elles sont une manière de faire de la nourriture un antidote contre la privation et la pauvreté.

Consom’action !

Ce documentaire devrait être disponible en ligne pour début 2022. Entretemps, il est possible de demander à Clara ASBL d’organiser une projection.

“Consom’action” explore le thème de l’accès pour tous à une alimentation de qualité et durable et plus particulièrement pour celles et ceux qui en sont financièrement et/ou culturellement éloignés et offre des pistes pour :

Sensibiliser le consommateur à l’alimentation de qualité et durable, au manger sainement et l’inviter à découvrir le circuit court et le local ;
Evoluer d’un acte banal de consommation – parfois compulsif – répété des milliers de fois dans notre vie quotidienne en un comportement plus réfléchi ;
Comprendre la relation qui existe entre les habitudes de consommation et les problèmes liés au dérèglement de notre écosystème environnemental, sociétal et économique.

Sensibilisation des publics précaires à une alimentation saine et durable : quel impact sur l’émancipation ?

Nul ne conteste plus le lien étroit qui relie santé et alimentation. Cette préoccupation autour de l’alimentation est d’actualité, liée aux vocables qualité, bio, durable. Elle constitue aussi un enjeu de santé publique, elle est l’objet de programmes d’actions de la part des mutualités, des maisons médicales, des CPAS…

Elle recouvre un vaste réseau d’initiatives citoyennes relayées par une multitude d’associations. Elle fait couler beaucoup d’encre. Mais pour autant, manger sainement et faire des choix alimentaires de qualité, est-ce possible pour tous? Comment et pourquoi mobiliser un public précarisé autour de cette question? Faut-il l’aborder en termes de santé ou de durabilité ? Quels sont les fondements, les pratiques, les réussites, les difficultés et les défis de la sensibilisation dans ces domaines ?

Nourrir les pauvres avec les déchets du système capitaliste

Cet article déconstruit les ressorts de l’aide alimentaire, et sa tendance à donner les restes et les surplus issus du système alimentaire capitaliste aux personnes les plus précaires. Il déplore également la réalité de nombreuses personnes contraintes de limiter la quantité et/ou la qualité de leur alimentation, faute de moyens. Enfin, l’autrice propose certaines mesures structurelles (augmentation des revenus, gratuité des repas,…) afin d’endiguer cet enjeu crucial pour nos sociétés.

Se nourrir lorsqu’on est pauvre

Alors que la Belgique et les Etats membres de l’UE se sont engagés à réduire le nombre de personnes en risque de pauvreté pour 2020, les chiffres de la pauvreté diminuent peu. Or, c’est d’abord sur les achats alimentaires que les ménages les plus précaires tentent d’économiser. Ces familles subissent alors une « double peine » : les produits les moins sains étant les moins chers, elles n’ont accès qu’à des produits de mauvaise qualité nutritionnelle, et, parallèlement, souffrent de ne pas pouvoir suivre les recommandations nutritionnelles bonnes pour leur santé. Face à ce constat, il est temps de remettre en question l’alimentation « low cost » et de replacer l’alimentation comme élément central de notre culture.

Mais que faire face à cette réalité quotidienne de la pauvreté, et de ses répercussions sur l’alimentation des ménages à faibles revenus ? Car un double consensus se dégage, apparemment paradoxal : un régime alimentaire sain reste hors de portée pour beaucoup de familles à faible revenu ; et cependant, poursuivre dans la voie actuelle, en encourageant une baisse des prix des denrées alimentaires et un meilleur accès à l’aide alimentaire, conduit à l’impasse. Des prix bas et l’aide alimentaire sont, au mieux, des palliatifs. Ce ne sont pas des solutions durables.

Le pouvoir des femmes dans les luttes pour la souveraineté alimentaire

Dans le contexte actuel de montée de la faim et de l’effondrement écologique, les femmes et toutes les personnes qui cherchent à réinventer l’alimentation, l’environnement et les économies font face à un nombre sans cesse croissant d’attaques. Ce numéro de l’Observatoire du droit à l’alimentation et à la nutrition est une publication opportune et nécessaire : les auteures abordent des questions essentielles du pouvoir et exposent la violence structurelle qui dénigre les femmes et l’environnement.

Paradoxalement, les femmes sont majoritairement responsables de la production alimentaire mondiale. Pourtant, ce sont également elles qui souffrent démesurément de la faim. En plus, ce constat reste largement méconnu. Bien que les expériences et l’accès à l’alimentation des femmes ne soient pas uniquement influencés par leur sexe, mais aussi par leur race, leur classe et leur orientation sexuelle, toutes les femmes sont touchées par la violence. À certains endroits, elles sont sous-représentées, marginalisées et exclues, invisibles dans les politiques, les données et la recherche. Dans d’autres cas, l’autoritarisme et le conservatisme religieux limitent l’autonomie alimentaire et l’intégrité physique des femmes. Dans le monde entier, les femmes sont exploitées et dépossédées de leurs terres et de leurs ressources.

Malgré tout, et comme le montre abondamment ce numéro, les femmes s’organisent, se mobilisent et exercent leur autonomie dans le monde entier. Dans les champs du Mali et de l’Inde, les femmes cultivent des aliments nutritifs d’une manière juste sur le plan social et environnemental. Dans les rues du Brésil, elles manifestent contre la violence dans le secteur agroalimentaire grâce à la Marche des pâquerettes. Les femmes qui migrent de l’Amérique centrale vers l’Amérique du Nord font face à l’adversité, tandis qu’à Jinwar, dans le nord de la Syrie, elles construisent une nouvelle société et cultivent la nourriture collectivement. Au niveau mondial, les femmes influencent les prises de décisions au niveau international dans le Comité des Nations Unies sur la sécurité alimentaire mondiale.

Cette publication est le résultat d’un processus de réflexion collective mené par les femmes. Ici, les auteures invitent les mouvements féministes et autour de l’alimentation, qui sont aussi divers que leurs luttes et leurs antécédents politiques, à nouer des alliances et à se joindre à la discussion pour faire avancer les droits des femmes, y compris des jeunes femmes et des filles. Leur mission est de créer des systèmes alimentaires justes.

Face aux crises multiples, la force de la résistance individuelle et collective des femmes pour ouvrir la voie à de meilleures relations sociales et écologiques ne peut être sous-estimée.

Sommaire :

En colère : les femmes et la nature (Donna Andrews, Kiah Smith et M. Alejandra Morena)
La résistance des femmes contre l’autoritarisme au Brésil, aux Philippines et à Rojava (Syrie du Nord) (Daryl L. Leyesa)
Les femmes invisibles : la faim, la pauvreté, le racisme et le genre au Royaume-Uni (Deirdre Woods)
Coming Out : la diversité de genre dans le système alimentaire (Paula Gioia)
L’agroécologie n’existe pas sans le féminisme (Iridiani Graciele Seibert, Azra Talat Sayeed, Zdravka Georgieva et Alberta Guerra)
Migrer pour survivre : un dialogue entre femmes du Guatemala, du Honduras et du Mexique (Andrea Dominique Galeano Colindres et Vanessa Albertina Sosa López)

Est-ce que ça coûte vraiment cher de bien manger ?

Pourquoi tant de gens sont-ils persuadés que bien manger coûte cher ? Et en-dehors du prix des aliments, y a-t-il d’autres freins qui empêchent certaines personnes de se nourrir correctement ?

En France, le budget consacré à l’alimentation (à domicile ou à l’extérieur) est en baisse constante depuis 1960 : il représentait 34,6% à l’époque (c’était le principal poste de dépenses) contre 20,4% aujourd’hui. Et qui consacre la plus grosse part de son budget à la nourriture ? Pas forcément ceux que vous croyez. Car plus les ménages sont pauvres, plus la part du budget allouée aux dépenses alimentaires est élevée. D’après l’INSEE, en 2011, il y a 5 points de différence entre les ménages les plus modestes et les plus aisés sur la part du budget consacrée à l’alimentation.

En France, plus de gens que l’on croit ne peuvent pas accéder à une alimentation équilibrée : 8,8 millions de personnes vivent en-dessous du seuil de pauvreté et n’ont que 2.50 € à 3 € par jour pour se nourrir. Ça représente 14% de la population pour qui c’est trop cher de manger et donc, a fortiori, de bien manger.

Pour confronter l’idée selon laquelle c’est cher de bien manger, nous nous sommes rendues chez un primeur local et bio, un Monoprix et un LIDL pour comparer les prix et avons rencontré deux représentants d’associations qui cherchent à rendre les bons produits accessibles à tous et toutes.

L’alimentation c’est aussi…

Le kit « L’alimentation c’est aussi… » a été créé afin de soutenir des animations qui appréhendent l’alimentation sous ses multiples dimensions, dans une approche globale telle que nous la soutenons en promotion de la santé.

L’affiche et l’imagier, qui composent notamment cet outil, illustrent une multitude de facteurs qui influencent l’alimentation tels que le budget, l’équipement et l’offre alimentaire à disposition, le plaisir associé à l’alimentation, les habitudes et rythmes de vie, les traditions…

Cette représentation de l’alimentation permet, quand il s’agit de parler « santé », de sortir des seules dimensions nutritionnelles et de ne pas faire uniquement référence aux normes de santé (pyramide alimentaire, indice de masse corporelle, courbe de croissance, par exemple).