L’aide alimentaire est malheureusement encore une institution souvent utile pour permettre à 450 000 Belges de manger au quotidien. 8
Cette aide peut prendre des formes multiples. Au départ, vu comme un secteur souvent humiliant avec des démarches administratives et sociales lourdes, des colis imposés avec de la nourriture pas toujours attirante, le secteur a tenté de s’adapter aux attentes des personnes dans le besoin. Les acteurs du secteur travaillent ainsi sur l’accueil, l’accompagnement social, les modalités d’accès, l’inclusion des bénéficiaires aux différentes étapes (choix des produits, ateliers, etc.), la diversité et le choix des produits proposés, etc.
Depuis le début des années 2000, les épiceries sociales et solidaires connaissent un véritable succès. Les bénéficiaires deviennent des clients comme les autres. Ils ont plus de liberté dans leurs choix. Le but est de favoriser leur autonomie financière et alimentaire et de respecter leurs droits et leur dignité.
Comment cela fonctionne-t-il ? Quelle est la situation à Bruxelles et en Wallonie ? Quels sont les bénéfices sociaux, économiques et environnementaux de ces initiatives ? Quels sont les enjeux des épiceries sociales comme solutions aux défis de l’aide alimentaire Cette analyse va tenter de répondre à ces questions : en nous permettant de comprendre le lien entre le rôle des épiceries sociales et solidaires, l’accès à l’alimentation de qualité et la lutte contre la pauvreté et les inégalités sociales.
Thématique : Aide alimentaire
Association nationale de développement des épiceries solidaires
ANDES, le réseau pionnier des épiceries solidaires et l’un des principaux acteurs de l’aide alimentaire en France, a été créé en 2000. Depuis plus de 20 ans, ANDES donne les moyens aux familles à faibles revenus d’avoir accès à une alimentation diversifiée et de qualité.
ANDES a développé un réseau de plus de 420 épiceries solidaires qui accompagne 200 000 personnes par an.
ANDES développe également des solutions d’approvisionnement en fruits et légumes frais pour les structures d’aide alimentaire. Les chantiers d’ANDES luttent contre le gaspillage alimentaire en revalorisant les invendus des professionnels de la filière fruits tout en créant des dispositifs efficaces pour accompagner les personnes éloignées de l’emploi.
La raison d’être d’ANDES est d’innover pour l’insertion durable autour d’une alimentation de qualité pour tous.
Faim de vie
En 2021, en Belgique, des milliers de personnes ne mangent pas à leur faim.
Comment est-ce possible ? Quelles injustices permettent cela ? Qui est responsable ?
On parle de précarité alimentaire, d’aide humanitaire… et nous sommes au 21ème siècle !
Que s’est-il passé ? Qu’est-ce qui se passe ?
Mais, si la faim n’était pas un phénomène naturel, que serait-elle ? Une ineptie ? Un coup monté ? Une volonté des plus forts ?
Et si nous avions surtout faim de vie ?
Et si nous avions soif de liens ?
Et si nous étions gourmands de collectifs ?
Cette conférence propose un menu varié, composé d’ingrédients d’origines diverses : capitalisme décomplexé, pauvreté alimentaire, précarité… le tout agrémenté de savoureux instants présents.
La grande distribution : nouvel acteur crédible de la lutte contre la précarité alimentaire ?
Leclerc propose un panier alimentaire équilibré à 21€/semaine pour les personnes à petits budgets : réactivité et mise en œuvre concrète. Doit-on y voir une alternative crédible à un système d’aide alimentaire dépassé et aux atermoiements stériles de l’État en termes de lutte contre la précarité alimentaire ? Contrairement à l’aide alimentaire, l’offre promotionnelle de Leclerc est immédiatement accessible à tous, sans exigence administrative particulière, et en proximité. Cela semble bien être une réponse plus visible et plus lisible que celle des pouvoirs publics qui se résume à déléguer le problème de la précarité alimentaire au secteur caritatif à coups de subventions. Seuls petits détails : le colis est pré-pensé, les produits sont tous emballés, fruits et légumes compris.
Migrations, précarités et aides alimentaires : comment se familiariser à de nouveaux aliments ?
Etude consultée via le 90ème numéro de la revue « Alimentation, santé et petit budget » du CERIN
La culture culinaire d’une région intègre les héritages du passé et expériences du présent, à l’image de ses ressources et contraintes. Si les voyages sont propices à la découverte de nouvelles saveurs, le contexte migratoire est souvent associé au maintien des habitudes alimentaires du pays d’origine, marquant le rattachement à l’identité nationale. Vu le flux important de demandeurs d’asile en France, leur grande précarité et dépendance des dispositifs d’aide, une étude a exploré les modalités d’adaptation de la structure associative aux demandes d’un public émergeant.
D’après les responsables et bénévoles, le principal, voire seul frein empêchant des bénéficiaires d’origine étrangère d’emporter des produits auxquels ils n’étaient pas familiers était leur méconnaissance de celles-ci, voire leur manque de curiosité : des comportements et attitudes souvent critiqués. Pourtant, l’enquête au sein de l’association, notamment par les données longitudinales que l’enquêtrice a recueillies à l’occasion de visites répétitives d’une même personne du service d’aides alimentaires, montrent qu’une proportion importante de bénéficiaires emportait certains produits qui lui étaient méconnus au départ, au fur et à mesure de son adaptation aux produits locaux et aux denrées proposées par l’association. Citons-en des variétés de fruits, de viennoiseries ou de crème-desserts, ainsi que de fromages frais ou à tartiner : des denrées caractérisées par un goût sucré pour les premiers, et un goût légèrement acide pour les derniers. Ainsi, les denrées répugnées et non emportées par les bénéficiaires d’origine étrangère comprenaient des fromages à goût prononcé comme le camembert, le bleu ou le munster, et des légumes ayant un goût particulier, notamment amer, tels que les endives, les choux de Bruxelles, les choux, l’artichaut ou les asperges. En parallèle, une proportion importante de ces bénéficiaires, notamment ceux récemment arrivés en France, ne connaissait et donc n’emportait pas certains des fruits et légumes proposés par l’association, dont certains étaient considérés par les Français comme des marqueurs de l’appartenance à une catégorie aisée. Citons les pêches, la nectarine, les abricots, les kakis. Ces données d’observation rappellent, voire confirment les données bibliographiques indiquant qu’au-delà d’une question purement subjective, une préférence gustative est façonnée et développée dès le plus jeune âge, en fonction des goûts et des saveurs contactés, et qu’elle est à l’image des habitudes alimentaires nationales ou régionales. Ainsi, si le goût sucré est généralement hautement apprécié de toutes les populations, expliquant l’appréciation d’une proportion importante des bénéficiaires d’origine étrangère des « nouveaux produits » à goût sucré, ce n’est pas le cas du goût amer prononcé dans les légumes et fromages répugnés des étrangers mais dont le goût est apprécié des Français.
Il ressort donc qu’une meilleure adaptation aux demandes et besoins d’un public émergeant s’avère possible et envisageable, même avec les moyens limités dont dispose la majorité des associations caritatives. Ainsi, si l’adaptation aux denrées locales peut être facilitée par la dégustation des denrées non connues ou la distribution de recettes, les associations caritatives pourraient également agir pour diminuer les répercussions d’interdits ou tabous liés aux religions sur les choix alimentaires et in fine le statut nutritionnel de bénéficiaires, sans pour autant s’engager dans des dépenses supplémentaires. Elles pourraient ainsi, par exemple, être plus flexibles vis-à-vis des personnes n’emportant pas de produits carnés en leur autorisant à emporter des quantités de produits de la pêche ou de produits laitiers supérieures aux « quantités maximales autorisées », ce qui leur fournirait, malgré tout, des sources de protéines d’origine animale, donc équivalents nutritionnellement, ainsi que des vitamines et des minéraux. Si un tel changement dans le fonctionnement de l’association requiert une adaptation de la part des bénévoles et une gestion différente des stocks, elle semble complètement envisageable par une association qui, comme celle où a été menée l’enquête, permet aux personnes assistées de choisir les denrées qu’elles désirent emporter.
Une crise sanitaire qui souligne les tensions sociales : le cas de l’Aide alimentaire en Belgique
Dans cet article, une étudiante en sciences agronomiques effectuant son mémoire de fin d’étude sur l’aide alimentaire nous apporte un témoignage de son vécu durant la crise sanitaire et analyse, de manière plus générale, les enjeux et questionnements qui traversent le secteur. Comment passer de l’aide alimentaire au droit à une alimentation adéquate pour tou·te·s ?
Nourrir les pauvres avec les déchets du système capitaliste
Cet article déconstruit les ressorts de l’aide alimentaire, et sa tendance à donner les restes et les surplus issus du système alimentaire capitaliste aux personnes les plus précaires. Il déplore également la réalité de nombreuses personnes contraintes de limiter la quantité et/ou la qualité de leur alimentation, faute de moyens. Enfin, l’autrice propose certaines mesures structurelles (augmentation des revenus, gratuité des repas,…) afin d’endiguer cet enjeu crucial pour nos sociétés.
Se nourrir lorsqu’on est pauvre
Alors que la Belgique et les Etats membres de l’UE se sont engagés à réduire le nombre de personnes en risque de pauvreté pour 2020, les chiffres de la pauvreté diminuent peu. Or, c’est d’abord sur les achats alimentaires que les ménages les plus précaires tentent d’économiser. Ces familles subissent alors une « double peine » : les produits les moins sains étant les moins chers, elles n’ont accès qu’à des produits de mauvaise qualité nutritionnelle, et, parallèlement, souffrent de ne pas pouvoir suivre les recommandations nutritionnelles bonnes pour leur santé. Face à ce constat, il est temps de remettre en question l’alimentation « low cost » et de replacer l’alimentation comme élément central de notre culture.
Mais que faire face à cette réalité quotidienne de la pauvreté, et de ses répercussions sur l’alimentation des ménages à faibles revenus ? Car un double consensus se dégage, apparemment paradoxal : un régime alimentaire sain reste hors de portée pour beaucoup de familles à faible revenu ; et cependant, poursuivre dans la voie actuelle, en encourageant une baisse des prix des denrées alimentaires et un meilleur accès à l’aide alimentaire, conduit à l’impasse. Des prix bas et l’aide alimentaire sont, au mieux, des palliatifs. Ce ne sont pas des solutions durables.
Ensemble pour mieux se nourrir
Dans la France de 2021 : dix millions de pauvres, des personnes souffrant de précarité dans tous les domaines — économique, immobilier, énergétique, mais aussi alimentaire. Des organisations caritatives veillent, distribuent des colis issus des banques alimentaires, mais que contiennent-ils ? Des invendus de supermarchés, ce que l’agro-industrie produit de pire. En France on ne meurt pas de faim, on souffre de malnutrition. Entre moyens réduits, surplus de la grande distribution et recours au caritatif, difficile d’avoir “un accès digne à une alimentation de qualité pour tous”, selon la belle formule du Secours catholique.
Cet ouvrage propose un tour de France des acteurs de l’aide alimentaire, où l’on peut découvrir les ressorts d’une solidarité à toute épreuve, mais aussi d’un véritable « business » pour certains. Nous sommes allés à la rencontre de celles et ceux qui s’organisent pour manger correctement, créent des groupements d’achat, des coopératives ou des jardins partagés, passant du caritatif au solidaire, inventant de nouveaux modèles de production et de consommation qui pourraient s’étendre à toute la population. Bienvenue dans les coulisses, parfois sordides, souvent lumineuses, de l’aide alimentaire en France.
L’aide alimentaire en débat
L’aide alimentaire, une aide sociale vs une aide humanitaire? Comment comprendre cette problématique dans nos sociétés, quels enjeux et quelles réalités se cachent derrière ? Comment cette aide est-elle vécue par ses bénéficiaires et qui sont-ils ? Autant de questions abordées lors de cette émission sur LN24, avec
Deborah Myaux, coordinatrice de projets à la Concertation Aide Alimentaire
Stephan Desgain, chargé de recherche sur la souveraineté alimentaire (CNCD – 11.11.11.)
Jacques Fierens, avocat au barreau de Bruxelles sur les urgences alimentaires en Belgique
Catarina Letor, journaliste et présentatrice sur LN24