Ces questionnements s’inscrivent dans les réflexions sur la justice sociale et spatiale. D’une part, il s’agit de se demander si les desseins des militants de la justice environnementale et de la justice alimentaire rendent compte d’une conception identique de la justice. On peut entendre la notion de justice sociale selon au moins deux acceptions théoriques : celle d’une justice sociale distributive traduite dans les travaux sur la justice spatiale d’Edward Soja comme la « distribution équitable et juste dans l’espace des ressources socialement valorisées et des possibilités de les exploiter » et celle d’une justice sociale inclusive, qui cherche à corriger les injustices socialement situées dans des différences de genre, de race, de culture etc. pour établir un cadre permettant la participation pleine et effective des groupes opprimés.
Partant du caractère polysémique de la notion de « justice », la question se pose de savoir comment, sur le terrain, les discours des militants des deux mouvements se rapportent à une justice dite « environnementale » et à une autre dite « alimentaire ». D’autre part, il s’agit d’analyser les processus par lesquels les militants mettent en œuvre et en espace leur conception de ces justices, environnementale ou alimentaire. Au-delà d’un souci partagé de la justice sociale, d’une action sur des territoires similaires, les formes et les catalyseurs d’action collective sont-ils semblables ? Y’a-t-il filiation, parallèle ou hybridation entre les deux mouvements, ou au contraire, dissociation malgré un héritage commun ?