Entretien avec Yves Martin-Prével, docteur en médecine, épidémiologiste, chercheur à l’IRD, Unité Nutripass (prévention des malnutritions et des pathologies associées).
Une information publiée par le Meridian Institute le 6 juin 2014 et intitulée « La science du design alimentaire pour les pauvres de la planète » (traduction d’un article de The Atlantic) a retenu l’attention de la Mission Agrobiosciences. Pourquoi ?
Car il y est question de produits fortifiés en micro-nutriments et de logiciels informatiques utilisés par des pays riches dans la lutte contre la malnutrition d’enfants guatémaltèques. La lecture de ce papier laisse comme un arrière-goût amer dans la façon avec laquelle l’aide alimentaire semble considérer les plus démunis comme une sous-catégorie de citoyens qui n’auraient pas le choix. Sous couvert de charité, bien-sûr, à l’instar des philanthropes du 19ème siècle qui appelaient de leurs vœux « la gelée nutritive pour nécessiteux »
A se demander si ce marché de la pauvreté prend en compte la puissance symbolique et sociale de l’acte alimentaire et s’intéresse un tant soit peu aux politiques agricoles et à l’accès à l’alimentation, ou s’il se contente de dénicher des opportunités pour les industries agroalimentaires.
Bourrer les dindes de vitamines, règle-t-il vraiment le problème de la malnutrition ? Faire du design alimentaire de céréales enrichies pour les malnutris, n’est-ce pas incongru ?
Yves Martin-Prével, fin connaisseur des questions de malnutrition dans le monde, a répondu à la Mission Agrobiosciences, sans tabou, ni langue de bois, dans une discussion qui mène bien plus loin, dans les contrées controversées de l’aide alimentaire et humanitaire, sur fond de stratégie des IAA. Comme toujours, des réponses nuancées pour un sujet complexe.